Omar Ortiz, peinture hyperréaliste Socrate, disciple d'Eros

Socrate était un simple citoyen, pauvre et fort laid. Mais quel homme! Quel citoyen! Socialement, il n'avait rien d'exceptionnel. Ni chef, ni savant, ni mage, Socrate était un homme simple, enjoué et espiègle. Fils d'une sage-femme et sans doute sculpteur, comme son père, il fut, "parmi les hommes de notre temps que nous avons connus, le meilleur et aussi le + sage et le + juste", écrit Platon, son + célèbre disciple. N'ayant rien écrit, on ne connaît pas sa pensée exacte et son personnage reste pour une part légendaire, comme ceux de Jésus, Bouddha ou Lao Tseu. Mais la philosophie avait fait de lui un homme sage et heureux. Plutôt bon vivant qu'érudit, Socrate témoignait en toute occasion d'une force d'âme, d'une justice, d'une tempérance et d'un courage exceptionnels. Mais sa sagesse se manifestait surtout dans sa relation aux autres. Socrate excellait dans l'art du dialogue. Toute la force de ce sage résidait dans la qualité de sa parole, une parole extraordinairement féconde et puissante. Aimé par de nombreux disciples enthousiastes, redouté par les savants et les gouvernants, Socrate n'enseignait pourtant rien. A la différence de Bouddha, de Jésus ou de Lao Tseu, il n'a laissé aucune doctrine. Mais son verbe avait une extraordinaire force d'éveil: il savait faire naître en l'autre le feu sacré de l'amour philosophique, l'amour de la sagesse, la philia. Ainsi en témoigne le jeune, beau et riche Alcibiade:

"Quand j'entends Socrate, mon coeur palpite + fort que ceux des Corybantes, ses discours font jaillir les larmes de mes yeux, et je vois force gens qui éprouvent les mêmes émotions. En écoutant Périclès et d'autres grands orateurs, j'ai souvent pensé qu'ils parlaient bien; mais je ne ressentais pas d'émotion pareille, mon coeur n'était pas troublé et je ne m'indignais pas d'avoir une âme d'esclave."

▲peinture Omar Ortiz

En quel sens la parole socratique était-elle érotique? D'où vient son charme exceptionnel? De son propre aveu, Socrate n'était pas un physicien, un astronome ou un mathématicien comme Thalès ou Pythagore. Il n'était pas non plus professeur ou orateur. Il ne savait pas séduire les foules par de beaux discours comme les sophistes, Protagoras ou Gorgias. C'était un homme sans spécialité, qui ne revendiquait aucune connaissance particulière. Mais il possédait la connaisance de l'amour.

"Je ne connais que l'amour", affirme Socrate.

et "l'amour est le désir de posséder toujours le bien." 

Quel est le bien désiré par Socrate? C'est le bien sensible au corps, l'agréable et tous les plaisirs, mais, + profondément, le bien sensible à l'esprit, le seul capable de combler l'âme:

le plaisir lié à l'utile, au vrai, au beau et au juste.

Le bonheur donné par la sagesse.

L'Enlèvement de Psyché, par William Bouguereau►

Le bien que visent inconsciemment tout homme et toute femme sous l'emprise d'Eros est le bien spirtituel le + haut. Là est l'essentiel du message socratique et le sens principal du mythe de Psyché. Un désir érotique ne vise pas seulement le plaisir, mais l'amélioration, le perfectionnement, l'accomplissement de celui qui l'éprouve, vers le + haut bonheur, le bonheur "divin", parfait et éternel. Le mérite de Socrate est d'avoir pleinement reconnu en lui la véritable nature de l'amour: l'élévation vers la sagesse, l'élan vers la félicité. L'amour est le désir joyeux de s'élever vers le bien qui nous manque. C'est pourquoi le philosophe s'adonne au culte d'Eros: parce qu'Eros ne s'accomplit que s'il est amour de la sagesse. D'où le renversement socratique: Eros désire la sagesse, il désire savoir, il désire comprendre. Eros est par nature philosophe!

"La sagesse compte parmi les plus belles choses; or l'amour est l'amour des belles choses. Il est donc nécessaire qu'Eros soit philosophe."

peinture Omar Ortiz▼

 Seule la sagesse peut libérer l'amour et donner aux hommes le + grand bonheur en les préservant de la séduction des faux biens. Eros est le désir ascendant qui met tout corps et tout esprit en mouvement vers une joie toujours + haute. Et seule la sagesse peut donner à l'homme la + haute joie. Parce qu'il a compris cela, Socrate se distingue radicalement des autres hommes: il possède la connaissance de son essence d'homme. L'essence de l'homme, dira + tard Spinoza, c'est le désir, la force existentielle par laquelle un être est déterminé à être et à agir pour augmenter sa joie et diminuer sa tristesse. Et tout désir est la conscience de son être en puissance. L'homme est cet être qui désire par essence s'élever vers la perfection de son être, passer de la puissance à l'acte, du malheur au bonheur.

Il désire passer du stade initial de l'ignorant

(l'homme-animal, l'homme enfant, l'homme esclave)

au stade final du sage

(l'homme-dieu, l'homme adulte, l'homme libre).

L'homme le + sage parce qu'il avait compris que le véritable humanisme était l'érotisme, et que le véritable érotisme était la philosophie.

D'où vient l'éveil de Socrate au culte d'Eros? D'une sagesse paradoxale: Socrate possédait la connaissance de son ignorance. Il avait la sagesse de savoir qu'il manquait de sagesse. Et cette simple lucidité a changé sa vie.

Bruno Giuliani

proposé par mamadomi

réed 09 03 12

C’est certain, il faudra être créatif, innovant, engagé pour y parvenir. L’économie a montré ses limites dans un système trop financiarisé, trop basé sur la spéculation et sur la rentabilité à court terme [économisme]. Elle est dirigée par des institutions qui en fixent les règles mais n'y apportent pas la valeur. La vraie économie, celle qui intéresse nos entreprises et nos foyers, c'est celle que nous créons au quotidien, par nos dépenses, notre travail, nos emplois et nos impôts [par nos activités solidaires, notre autonomie...]. C'est donc à nous de la mettre en œuvre et d'en reprendre le contrôle.

Quelques clés nous paraissent s'imposer pour y parvenir.

• La 1ère et la + importante est l'éthique. Voilà un joli mot souvent utilisé mais + rarement mis en application.

"L'éthique peut être définie comme une réflexion sur les comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable. En cela, l'éthique est une recherche d'idéal de société et de conduite de l'existence". Telle est la définition qu'en donne Pierre Tourev et qui nous convient assez bien. Pour peu qu'elle guide nos actions et nos réflexions, la suite ira d'elle-même.

• La 2nde est la notion de chaîne de valeur.

Celle-ci nous amène en 1er lieu sur la valeur que nous recherchons pour autrui quand nous mettons en œuvre nos actions et en 2nd lieu sur le fait que cette valeur ne peut être créée isolément. Nos entreprises, nous-mêmes, faisons partie de nombreux systèmes auxquels nous contribuons, desquels nous recevons et dont nous dépendons + ou moins. Dans chacun de ces systèmes, nous devons mettre en œuvre cette valeur en cohésion avec les structures en amont et en aval. Cela nécessite bien-sûr un respect absolu des acteurs qui interagissent dans nos systèmes et une communication claire avec eux pour obtenir cette optimisation de la chaîne de valeur. C'est ainsi que pour produire de la valeur au travers de nos entreprises nous avons besoins de nos salariés, de nos fournisseurs et évidemment de nos clients, la valeur produite étant ainsi le fruit de tous au 'profit' de tous.

• Cela nous amène à une 3ème clé qui consiste à ne pas se focaliser sur nos seuls intérêts.

Cette économie dont nous parlons est elle aussi un grand système dans lequel nous contribuons et ses nouvelles composantes sont celles que nous définirons ensemble. Cela implique donc une notion de solidarité, mais une solidarité au profit de ceux qui jouent la même partie que nous, une solidarité active les uns envers les autres parce que nous menons le même combat pour une recomposition d'une économie citoyenne, dans laquelle chacun a sa place et son rôle. Une solidarité à charge de responsabilité pour ceux qui en bénéficient, de responsabilité de tous car nous sommes tous amenés dans cette logique à profiter de ceux à qui nous donnons.

• Enfin, sans que cela soit exhaustif, la 4ème clé est celle de l'engagement.

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N'attendons pas que les choses soient faites pour prétendre y contribuer. Cet avenir nous appartient si nous commençons à le construire aujourd'hui avec l'énergie nécessaire pour agir et relayer autour de nous cette vision d'une société meilleure. Elle est déjà en marche, mais elle ira + vite si tous, nous relevons le défi de contrarier les prévisions pessimistes, notamment des économistes, avec des clés que nous avons déjà sur nous.

A l'aube de cette nouvelle année, voici le challenge que nous aimerions relever, pour que cette année et les suivantes soient de belles années, à la hauteur de nos rêves et de notre volonté de les réaliser.

[Et pour faire honneur à Sénèque...]

J.Luc BESSONNET

proposé par mamadomi

On peut le parie, le XXIè s. qui vient de s'ouvrir sera marqué par une accumulation de savoirs nouveaux, qui auront, avec les progrès à venir, de la génétique par ex, des retombées importantes sur la vie de chacun, ouvrant à l'humanité un champ de possibles, parfois risqués, qu'elle n'aurait même pas rêvé d'explorer il y a encore 20ans... bien des mutations sont à prévoir dans la vie -personnelle, familiale, sociale et citoyenne. D'ores et déjà, les avancées de la médecine ont contribué à augmenter la longévité de la vie. S'adapter à cette longévité implique de nombreux éléments: accepter de vivre + longtemps avec un compagnon, ou d'avoir des vies différentes de recommencer une nouvelle vie de couple ou de célibataire, de mieux gérer le stress, de trouver des alternatives créatives et personnelles, pour enrichir notre vie. C'est aussi accepter de vieillir...

Parallèlement, nous continuons à penser le monde et nous-mêmes selon des cadres de pensée parfois très anciens. Nous sommes pour le meilleur et pour le pire des héritiers, issus de cultures et de traditions diverses, et nous sommes marqués -parfois au fer rouge- par notre histoire familiale ou par les circonstances de notre petite enfance. Plus que jamais, nous devons, au fil de nos existences, concilier l'inconciliable, mettre en harmonie l'ancien que nous véhiculons et le moderne qui nous transporte, nous construire et respecter la manière dont l'autre, proche, voisin, collègue, entend bâtir lui-même son existence, transmettre des valeurs à nos enfants et respecter leurs propres réponses au défi que leur jette le monde contemporain. Tout cela fait la complexité de notre vie psychologique et en commande les aléas. Il est donc parfaitement légitime, ne serait-ce que pour cela, que cette vie psychologique fasse l'objet d'une attention soutenue, pourvu qu'elle soit sérieuse et n'entrave pas le droit que chacun doit garder sur lui-même. Ce qui est, d'ailleurs, une évidence pour tout thérapeute digne de ce nom.

A cet égard, le XXè s., déjà en rupture forte avec les époques précédentes, et qui fut tourmenté par tant d'événements qui remirent parfois en cause la notion même d'humanité, nous a légué des armes puissantes pour mieux comprendre et affronter les souffrances et les errements de ces "moi" en quête éperdue de bonheur que nous sommes. Le développement de la psychologie, la psychanalyse et les différentes écoles thérapeutiques, l'attention humaine de tant de grands praticiens on ouvert des horizons nouveaux, que la + grave des erreurs consisterait à refermer. Mieux, une des exigences fondamentales de l'avenir est sans doute que tout un chacun puisse disposer d'un bagage de connaissances qui intègre ces apports et qui nous permette d'être de + en + libres, en gagnant dans la maîtrise de notre mental, pas dans l'optique malsaine de devenir des surhommes, mais dans le dessein d'accroître et d'intérioriser le mouvement de progrès qui a mené à reconnaître à tout individu le droit à l'autonomie maximale, qui passe aussi par le recours conscient, quand il est nécessaire, aux aides disponibles pour restaurer cette autonomie.[Nos blogs sont une tentative en ce sens] 

Nous faisons droit à ce souci de soi, qui, s'il est de toutes les époques, a repris de nos jours le pas sur bien d'autres préoccupations et n'est critiquable que lorsqu'il verse dans l'égoïsme et dans l'oubli de l'autre.

Aaron Rix > 

Plusieurs facteurs, bien connus et qu'il est inutile de développer, expliquent la force actuelle de ce souci: pêle-mêle, la montée de l'individualisme (j'ai le droit et le devoir de m'occuper de moi, de ma vie et de mes plaisirs avant toute chose); la pression sociale (exigence de performance et de réactivité, importance donnée aux signes du dynamisme, particulièrement pour les femmes: culte de la minceur, mode, etc...); la dévalorisation des pratiques addictives (tabac, alcool), obligeant à des efforts de reconquête de sa liberté; l'évolution rapide des moeurs (nouveaux rapports aux autres dans le caedre de la famille recomposée, etc...) et du cadre de vie (comment faire face aux menaces: pollution, aliments transgéniques, etc...); l'effacement des idéologies (il faut trouver soi-même les bonnes réponses plutôt que d'adopter un kit de solutions de vie proposé par tel ou tel courant de pensée...).

Il en est résulté une technicisation, au sens large, de la vie quotidienne. Si le savoir pour le savoir (la "culture") est quelque peu et malheureusement dévalorisé, en revanche, il est de + en + fait appel, pour mener son existence, à des savoirs pratiques directement liés à l'évaluation des connaissances ou à un savoir-faire social. La vie quotidienne a perdu de sa simplicité: il est ainsi de + en + admis que se nourrir, pour vivre + longtemps et mieux, suppose de véritables connaissances diététiques (ainsi oligoéléments ou "radicaux libres" ne sont plus des termes savants, mais des éléments courants de notre vocabulaire à tous...; même les hommes s'y sont mis!). D'où un besoin d'y voir + clair pour se diriger soi-même. 

à suivre...

Sylvie Angel

proposé par mamadomi

D'un millénaire à l'autre, d'un siècle à l'autre...

Le meilleur ou le pire

"Car mille ans sont à tes yeux comme le jour d'hier quand il n'est plus"

Psaume, 90,4

Ce texte, dit "Prière de Moïse", est 3x millénaire. Il pourrait être contemporain de la relativité et de la physique quantique, il indique, entre autres, une hiérarchie des ordres de grandeur dans l'espace-temps et fondamentalement en dehors, dans cet absolument Autre Personnel (pourquoi pas?) ou Impersonnel dont, selon notre cosmologie/cosmogonie ... la totalité que nous entrevoyons est sortie.

Mille ans, ce n'est pas grand-chose, une convention récente

(l'ère chrétienne est largement postérieure au christianisme) fait que nous avons célébré en l'an 2000 ce qui, en toute logique, ne débutait au mieux que le 1er janvier 2001, mais ce qui compte ce sont les zéros alignés sur le compteur.

L'an mil enveloppé dans le peplum troué de ses terreurs

(elles sont récurrentes)

est une fabrication du XIXè s.

que les historiens du XXè s. - Georges Duby en tête- ont réduite à de + justes proportions. J'étais prêt à parier que l'entrée dans le 3ème millénaire serait + discrète que les feux d'artifice du passage du XIXè au XXè s. dans une Europe triomphante, dont la rapide croissance démographique et économique (France exceptée) et la domination intellectuelle... s'imposaient à tous les esprits comme l'acquis irréversible, le sommet, sinon la fin de l'histoire. Les badauds de l'Expo de 1900 eussent été surpris d'apprendre que rien ne justifiait le jalon que les publicistes avaient planté et qu'ils vivaient la fin du XIXè s.: elle va se briser à Sarajevo, le 28 juin 1914, sur la guerre de Trente ans (et bien +) que personne n'avait souhaitée et que ceux qui l'avaient, par inadvertance, déclenchée avaient imaginé courte, sinon joyeuse. Ceux qui croient aux clins d'oeil du destin diront que le siècle du progrès facile rappelle que la nature a des droits, que les hymnes au progrès n'entament pas facilement.

...à suivre...

Pierre Chaunu

Membre de l'Institut, professeur émérite à la Sorbonne, a notamment publié

- Séville et l'Atlantique, Sevpen, Paris, 1955-60,

- La Civilisation de l'Europe des Lumières, Artaud, 1971,

- Danse avec l'histoire (avec É. Mension-Rigau), Bernard de Fallois, Paris, 1998,

- Le Basculement religieux de Paris au XVIIIè s. (avec M.Foisil et F. de Noirefontaine), Fayard, Paris, 1998

proposé par mamadomi

Table de noël en france

Il n'est point de fête sans un bon dîner. La gourmandise de l'homme n'a fait que croître et embellir depuis l'incident du paradis terrestre, et les banquets du Champs-de-Mars témoignent qu'en dépit des danses du ventre, des fontaines lumineuses, et des feux d'artifice..., les joies de l'estomac, supérieures au plaisir des yeux, restent aujourd'hui comme au temps de César et Salammbô le "clou" des réjouissances nationales.

Lobel Riche

De tout temps aussi le père de famille a tenu à réunir ses amis autour de sa table à certains jours de l'année, et, comme les fêtes religieuses occupaient une grande place dans la vie de nos aïeux, on comprend que chacune d'elles soit devenue l'occasion d'agapes intimes dont l'usage s'est conservé.

Il n'est donc pas étonnant que la fête de Noël ait été célébrée dès l'origine par des festins exceptionnels. Et malgré la décadence de la foi, elle a laissé chez les différents peuples certaines traditions gastronomiques.

En France par ex, en dehors du boudin, de la dinde ("Lucculus"), du foie gras, de la truffe et de ses accessoires, je ne vois guère à citer, dans les mets de Noël spéciaux à certaines régions de France, que la daube languedocienne, à mijoter 6h et à ouvrir au retour de la messe de minuit ...! 

Et vous? 

Philippe Schadt

proposé par mamadomi